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Le rugby africain est un gros business, contrairement aux idées reçues-Herbert Mensah

by Lesley Ngwa
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Président de l’Union Ghanéenne de rugby et candidat à la présidence de l’association africaine de World Rugby, Rugby Afrique

Le rugby africain doit se respecter et se comporter comme un acteur de premier ordre s’il veut être respecté par le reste du monde.

Les sports africains ont été oubliés par le monde. 

Pire, on dirait que les sports africains ont été oubliés par les Africains eux-mêmes. Dans le monde du rugby, en particulier, certains pays n’ont plus de ligues actives depuis plus de trois ans !

Rien n’illustre mieux ce sentiment que l’opinion que World Rugby, l’instance dirigeante mondiale de ce sport, a des sports africains. L’an passé, World Rugby n’a débloqué que 2 millions de dollars pour promouvoir le sport sur l’ensemble du continent africain. Il s’agit d’un montant ridiculement faible pour un continent entier, particulièrement révélateur de la façon dont l’organisation sous-estime le continent africain. Nous en avons la preuve quand cette même organisation est prête à accorder 5 ou 6 millions de dollars par an à un pays membre de Rugby Europe et ne laisse au continent africain que des miettes pour promouvoir le rugby auprès d’une population de plus de 1,2 milliard d’habitants.

Cet exemple factuel illustre le peu de respect que le monde accorde au rugby africain, et nous devons inévitablement nous demander si ce respect ne devrait pas d’abord venir de nous autres, Africains. Nous avons les mêmes instances dirigeantes que les nations occidentales riches – les associations, les dirigeants, les conseils d’administration et les réunions qui vont avec –, mais quel intérêt si elles sont principalement composées « d’amis d’amis haut placés » et n’ont aucun soutien financier pour mettre en œuvre les décisions qu’elles voudraient prendre ?

Nous devons nous rappeler le pouvoir et la valeur du sport. C’est un gros business, et le rugby est un gros business ! 

J’ai passé ma vie à diriger des entreprises en Afrique et ailleurs, et je peux vous dire que s’il y a bien une chose qui motive n’importe quelle entreprise, c’est l’argent. Nous ne pouvons pas continuer à vivre comme si le sport africain était une œuvre de charité qui a besoin d’aide. Je crois profondément en la vision du président du Ghana, S.E. Nana Addo Danquah Akufo-Addo, d’une Afrique émancipée des aides !

C’est ma vision du rugby africain, du rugby post-aides.

Le chemin pour y parvenir n’est pas un mystère. Nous le connaissons tous, même si la plupart du temps nous ne voulons pas l’admettre. Le rugby est un juteux business et il doit être traité comme tel. C’est aussi simple que cela. C’est le seul moyen d’obtenir des capitaux pour promouvoir le sport et le faire évoluer. Les capitaux appellent des capitaux. Nous devons améliorer nos résultats en matière de gouvernance à tous les niveaux, recruter de meilleurs dirigeants qui feront progresser le secteur et lever des capitaux afin qu’ils fassent leur travail correctement.

Le monde du rugby voit l’Afrique comme un grand pays pauvre. Cela doit cesser. La diversité des nations du continent se voit également dans ses cultures sportives. Nous devons adapter nos tactiques aux particularités de chaque marché et de chaque région. Nous devons nous faire connaître et promouvoir notre marque auprès du monde entier, nous rendre dignes d’attention et de respect. Ce n’est qu’alors que nous pourrons exiger des organisations mondiales le respect et le soutien financier que nous méritons.

Cela implique de commencer par changer notre façon de faire, en implémentant des normes mondiales – plutôt qu’africaines – pour nos activités. Nous avons oublié l’impact positif que le sport, et les événements sportifs, peuvent générer. Les compétitions sportives ne se résument pas au divertissement et aux prouesses physiques. Il s’agit d’une industrie de plusieurs milliards de dollars qui génère des recettes publicitaires, des flux touristiques, contribue au développement des infrastructures et des investissements dans une multitude de secteurs économiques différents. Elle favorise la croissance sociale et, de surcroît, présente avantageusement un pays dans le monde entier. Le sport contribue à élever les nations en braquant les projecteurs sur un pays digne de recevoir des investissements, qui mérite d’être visité et avec qui l’on peut faire affaires. Le sport contribue activement à améliorer le développement économique des pays et la vie de leurs citoyens.

C’est la véritable valeur potentielle du rugby, et la valeur potentielle de le traiter comme le gros business qu’il est.

Nous devons changer le regard que le monde porte sur le rugby africain en modifiant notre mode de fonctionnement et en montrant notre valeur et notre potentiel de croissance. Ce changement doit venir de nous ! Nous ne pouvons pas mendier auprès des pays riches pour emprunter de l’argent afin de commencer à en générer. Nous devons nous organiser, faire pression, inciter les dirigeants politiques de chaque nation et de chaque région à impliquer les institutions continentales capables d’aider à financer ces développements. Nous devons faire appel à l’Union africaine, à la CEDEAO, aux banques africaines, à la Banque africaine de développement, etc.

Une fois que nous aurons professionnalisé le monde du rugby et réussi à nous financer par nos propres moyens, alors – et seulement alors – nous pourrons exiger davantage de World Rugby, des annonceurs et des sponsors mondiaux, et amener ensemble de grandes compétitions internationales en Afrique.

Traiter le rugby comme un gros business, ce n’est pas réinventer la roue. Comprendre que l’image, la perception,  le marketing sont primordiaux quand on veut attirer des capitaux et des visiteurs, ce n’est pas nouveau, et pourtant cela n’a jamais été fait pour le rugby africain. Cela a occasionné un manque à gagner de centaines de millions de dollars et nous a privés d’avantages directs et indirects qui auraient pu influencer positivement des centaines de millions de personnes à travers le continent.

C’est la vision que j’apporterai à Rugby Afrique si ma candidature à sa présidence est retenue.

C’est la première fois qu’une élection à la présidence de Rugby Afrique est disputée.

Faisons les choses différemment, faisons en sorte qu’elle compte.

Faisons de Rugby Afrique un gros business – dans l’intérêt de tous.


 

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